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« Nous irons venger nos morts ». C’est en chef des armées que le président tchadien Mahamat Idriss Déby s’est rendu, lundi 28 octobre, sur la base de Barkaram, île-garnison du lac Tchad frappée quelques heures plus tôt par l’une des factions héritières de Boko Haram. L’attaque a été l’une des plus violentes attribuées ces dernières années au groupe djihadiste qui depuis quinze ans sème la terreur sur cette vaste étendue marécageuse située aux confins du Niger, du Nigeria, du Cameroun et du Tchad.
Sur les images fournies par la présidence, le chef de l’Etat marche le regard grave parmi les débris calcinés et les corps enroulés dans des couvertures, s’agenouille au chevet des blessés, puis jette une pelletée de terre dans une large fosse pour recouvrir les défunts. Le bilan officiel de l’attaque est d’une quarantaine de morts dans les rangs de l’armée tchadienne, mais plusieurs sources au fait du dossier considèrent qu’il pourrait être sous-évalué.
Signe de la gravité de l’évènement, trois jours de deuil national ont été décrétés et le président s’est déplacé personnellement pour lancer une opération de représailles baptisée Haskanite, un épineux de la région. Une posture martiale qui n’est pas sans rappeler celle de son père, l’ancien président Idriss Déby, tué lors d’affrontements avec des rebelles en avril 2021.
Un an plus tôt, en réponse à l’attaque menée par une faction de Boko Haram contre la garnison de Bohoma – qui avait officiellement fait plus d’une centaine de morts dans les rangs de l’armée et constituait de son propre aveu les plus lourdes pertes enregistrées depuis trente ans – le défunt maréchal-président avait pris la tête d’une opération militaire visant à laver l’affront, sans toutefois parvenir à mettre un terme à l’insurrection djihadiste.
Quatre ans plus tard, le même scénario se répète et porte un nouveau coup dur à la réputation de l’armée tchadienne, souvent considérée comme l’une des plus opérationnelles de la région. Et si l’ensemble de la classe politique forme aujourd’hui une union sacrée face à la menace djihadiste, des questions commencent à surgir : comment les assaillants ont-ils pu mettre en déroute un contingent estimé à plus de deux cents hommes ? Le renseignement militaire a-t-il failli ? L’attaque est-elle un moyen pour l’une des factions de Boko Haram d’affirmer sa puissance face à ses rivaux, ou simplement une occasion de se réapprovisionner en armes ?
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